Apprentissage de la propreté

Un chiot de 2 mois est propre ! Si, si…
Je vous entends déjà : «mais pas le mien» ou «mon chiot fait dedans mais pas dehors» ou encore «je trouve ses crottes derrière le canapé», etc…

Un chiot est propre lorsqu’il ne fait pas là où il dort.

«Peut-être, mais je voudrais qu’il fasse ses besoins dehors et pas dans la maison. Pour moi il n’est pas propre.»
Voilà tout le problème. Le chiot va s’éloigner un peu pour se soulager, mais comme il vit dans la maison et ne peut sortir librement pour faire ses besoins dehors, le résultat sera une flaque que vous découvrirez souvent en mettant le pied dedans.
Il est rare qu’un chiot ait eu la possibilité, dès un mois, d’avoir un libre accès à l’extérieur pour se soulager dans l’herbe à tout moment. Il a donc été contraint de faire ses besoins dans un parc… mais dans ce parc, y avait-il une zone «WC» suffisamment éloignée de la zone de jeux ? Un chiot obligé de marcher ou de jouer dans ses déjections, parce que l’enclos est trop petit, va s’habituer à se soulager là où il se trouve (copeaux ou journaux le plus souvent).
Le résultat est là : votre chiot est très rarement propre lorsqu’il arrive chez vous et vous ne pouvez pas lui mettre des couches comme à un bébé !

La propreté, telle que nous la concevons, ne peut résulter que d’une patiente éducation !

Il faut donc apprendre au chiot ce que nous attendons de lui, c’est-à-dire ne pas faire ses besoins dans la maison mais attendre ou demander à sortir pour se soulager dehors.

 

Comprendre d’abord

Le comportement de miction ou de défécation du chiot se décompose en trois phases :
    1. Une phase appétitive : c’est la recherche olfactive du lieu approprié
    2. Une phase consommatoire : l’élimination
    3. Une phase de vérification : sentir la trace olfactive laissée

propr123 Le chiot commence donc par rechercher des odeurs qui vont l’inciter à choisir tel endroit plutôt que tel autre. Généralement il va rechercher ce qui lui rappelle ce qu’il a connu à l’élevage (odeurs connues, copeaux, journaux, alèze, herbe, sol lisse…) et ses propres odeurs s’il s’est déjà soulagé à cet endroit.

Attention ! Un chiot de moins de trois mois a toujours des besoins urgents : il ne peut se retenir, surtout s’il a déjà commencé à renifler ou rechercher activement le bon endroit (phase 1). Il vaut mieux savoir qu’on ne peut lui demander d’attendre, ne serait-ce que quelques secondes ! Il faut donc apprendre à anticiper.

 

Comment lui apprendre ? … L’observer et anticiper !

Repérer d’abord les bons moments, ceux où il a besoin de se soulager, et ils sont nombreux :

  • Lorsqu’il se réveille
  • Quand il vient de boire ou de manger
  • Lorsqu’il s’arrête brusquement de jouer et s’éloigne un peu
  • Quand il rentre sans avoir rien fait dehors, ou pas fini.

 

Ce qu’il ne faut pas faire :

Lui mettre le nez dedans ! C’est un pseudo-conseil que l’on entend encore bien trop souvent. Que peut comprendre le chiot de cette action ? Rien du tout ! Ou plutôt de se méfier de vous, ou alors comprendre qu’il n’a pas le droit de faire ses besoins en votre présence. Mais il ne peut comprendre qu’il n’a pas le droit de faire ses besoins à cet endroit (sur le tapis qui sent si bon…) et encore moins qu’il doit aller dehors pour cela.
Il faut savoir qu’à 2 mois, le chiot est dans une période sensible, une période où ses facultés d’apprentissage sont les plus grandes : il s’imprégnera de tout, le positif comme le négatif. Si vous vous énervez, si votre attitude est trop souvent inquiétante pour lui lorsqu’il ne fait pas là où il en a le droit, comment une relation confiante avec vous va-t-elle pouvoir s’installer ?

 

Encourager les bons comportements

Le chiot récompensé pour une action ou un comportement va chercher à reproduire ce qui a eu pour conséquence cette récompense.
Ainsi, si vous récompensez votre chiot chaque fois qu’il fait ses besoins où vous le souhaitez, vous allez lui donner envie de faire à nouveau à cet endroit.
Par contre, chaque fois qu’il se trompe, ignorez ce qu’il a fait, mais faites en sorte qu’il ait de moins en moins d’occasions de faire ses besoins dans votre appartement ou dans tout autre endroit interdit.
La récompense est d’abord votre félicitation, que vous exprimez avec vos mots et avec l’expression de votre visage, vos sourires. Puis la récompense va être renforcée, amplifiée, complétée par une friandise, une caresse ou tout ce que le chiot va aimer à ce moment-là. Pour cela il faut être à proximité de lui et non à 10m sur le pas de la porte.

A quel moment récompenser ?

Nous avons vu qu’une séquence d’élimination se décompose en trois phases qui se suivent.
Pour que la récompense soit efficace, il faut qu’elle arrive au bon moment. Ni trop tôt, ni trop tard. Les félicitations, appuyées par une friandise appréciée, doivent arriver juste à la fin de la séquence, c’est-à-dire au moment où le chiot va sentir ce qu’il vient de faire.
Si vous le félicitez lorsqu’il est en train de faire, vous risquez de l’interrompre.
Si vous le récompensez lorsqu’il revient vers vous alors qu’il était au fond du jardin, ou pire lorsque vous êtes déjà rentrés tous les deux dans la maison, le chiot pensera qu’il est récompensé parce qu’il est revenu et aura totalement oublié qu’il a fait ses besoins précédemment. Si donc vous êtes un peu trop loin de lui, félicitez-le chaleureusement et jetez-lui quelques croquettes plutôt que de lui demander de vous rejoindre pour lui donner la récompense.
En récompensant systématiquement au bon moment, votre chiot devrait rapidement chercher à sortir pour faire ses besoins. Mais encore faudra-t-il être très attentif à sa manière de demander la sortie : va-t-il vers la porte ? Vous cherche-t-il ? Gémit-il ?
S’il tourne en rond, flaire le sol, c’est peut-être déjà trop tard. Vous n’aurez probablement plus le temps de le sortir, mais essayez tout de même de l’entraîner dehors. Et s’il y a déjà une flaque, ne dites rien et soyez plus attentive la prochaine fois.
Lorsque votre chiot fait ses besoins au jardin, ne le rentrez pas trop vite. Il a pu être distrait par une feuille qui vole ou un chien qui aboie au loin et alors s’interrompre. Il fera souvent en plusieurs fois. Ensuite, laissez-le un peu au jardin s’il aime y rester, ou jouez avec lui un petit moment avant de rentrer.
Quand le chiot commencera à être propre, les friandises seront données de manière moins systématiques, il y aura des oublis (les occasions ne manqueront pas) mais vous aurez toujours des félicitations.

 

Et s’il a déjà fait ?

Ne dites rien, sortez-le ou mettez-le dans une autre pièce et nettoyez à l’eau vinaigrée (pas d’eau de javel).
Si votre chiot fait ses besoins dans la maison lorsque vous vous absentez, c’est que l’attente a été trop longue ou qu’il a stressé de s’être retrouvé seul. Ne dites surtout rien quand vous découvrez les saletés, sous peine d’amplifier sa détresse et donc les dégâts en cas d’absence. S’il ne supporte pas de rester seul, il faut le lui apprendre, par exemple en l’ignorant lorsque vous passez à côté de lui, en fermant souvent une porte entre vous et lui durant quelques secondes au début puis en allongeant le temps d’absence au fur et à mesure de ses progrès.
Si votre chiot va s’isoler dans une autre pièce ou fait quand vous avez le dos tourné, il serait peut-être utile de lui installer un espace de sécurité pour l’y mettre lorsque vous ne pouvez le surveiller. Laisseriez-vous un enfant de 18 mois sans surveillance ???
Il en va de même pour la nuit : si votre chiot ne peut se retenir toute une nuit (vers 3 mois habituellement), il doit dormir près de vous (ou vous près de lui) de manière à pouvoir l’entendre lorsqu’il se réveille et le sortir. La niche d’intérieur peut être bien utile dans ce cas : elle lui apprend à se retenir car il ne va pas vouloir faire ses besoins sur sa couche.

Il ne fait pas ses besoins quand il est en laisse !

Si vous n’avez pas de jardin et que vous êtes obligé de sortir votre chiot en laisse pour qu’il fasse ses besoins, il faut qu’il puisse renifler le sol sans être collé à vous et que l’environnement ne le stresse pas ou ne soit pas trop distrayant.
Il va vous falloir choisir un endroit calme, avec si possible un peu de verdure (quitte à le porter jusque-là) et lui mettre une laisse de 2m au moins. Laissez-lui le temps de trouver l’endroit qui lui convient. Vous pouvez même, pour le débloquer, emporter quelques copeaux imprégnés de pipi qu’il aura fait chez vous et les mettre sur la terre ou une touffe d’herbe. S’il se soulage, retournez systématiquement au même endroit lors des sorties suivantes.
Ne rentrez pas immédiatement mais poursuivez par une petite promenade agréable pour lui.

Peut-être craignez-vous de sortir votre chiot dans la rue avant qu’il n’ait eu tous ses vaccins ? C’est le conseil souvent donné par les éleveurs ou les vétérinaires. Il est illusoire de croire qu’il est possible de protéger efficacement le chiot en empêchant le contact avec le milieu extérieur. Vous sortez bien et vous rapportez tous les microbes accrochés à vos semelles et vos vêtements. Le chiot a besoin de sortir le plus tôt possible, de découvrir le monde dans lequel il va vivre : c’est le gage d’un développement comportemental harmonieux. Évitez juste les endroits les plus à risques, comme la salle d’attente du vétérinaire, le contact avec des chiens inconnus dans la rue, les animaleries. Après 3 mois, l’adaptation sera plus difficile, des peurs risquent de s’installer. Le rapport bénéfices/risques est largement en faveur des sorties précoces du chiot.

Que penser du journal ou du tapis de propreté ?

En hiver ou lorsqu’il pleut, beaucoup de maîtres de chiots de petite taille hésitent à sortir leur tout jeune chiot dehors. Ils utilisent alors un journal, une serpillière ou une alèze pour apprendre à leur chiot à faire dessus. Bien que pratique, ce conditionnement retarde malheureusement l’apprentissage de la propreté. Si vous optez néanmoins pour ce système, le tapis de propreté sera alors progressivement déplacé vers la porte, puis à l’extérieur derrière la porte, pour que le chiot apprenne à demander à sortir. L’apprentissage est un peu plus long. Cependant, si le chiot ne veut pas du tout faire ses besoins au jardin ou en laisse, il ne restera plus qu’à prélever un petit bout de ce support imbibé de pipi et de le mettre dehors à l’endroit désiré pour que peu à peu le chiot apprenne à faire dehors. Comme pour tout, les habitudes demandent un certain temps et un peu de savoir-faire pour pouvoir être modifiées.

Et quand ça ne marche pas ?

Si cet apprentissage de la propreté était si facile pour tous, cela se saurait !
Certains chiots font beaucoup plus souvent pipi que d’autres. Il est nécessaire aussi de les sortir souvent, sans chercher à respecter un intervalle de 2h comme on l’entend souvent. Au début les accidents sont fréquents. Ce n’est pas grave, l’essentiel est d’avoir le plus d’occasions possibles pour encourager le bon comportement.
A l’âge de 4 mois, un chiot devrait être capable de demander à sortir pour ses besoins mais les accidents sont encore fréquents.
Il arrive que des chiots tardent à être propres. On peut parler de retard si le chiot n’est pas encore propre à six mois. Cela arrive plus souvent avec les petites races qu’avec les grandes. Est-ce parce que leurs déjections peu volumineuses gênent moins leurs maîtres ?
Il faut rechercher les causes de ce retard :

  • Chiot longtemps seul ?
  • Chiot qui a pris l’habitude de faire discrètement sur le tapis ou derrière les meubles ?
  • Chiot qui angoisse lorsqu’il est seul ?
  • Chiot craintif effrayé par les bruits de la ville et qui fait de retour chez lui ?

Il y a de nombreuses causes possibles. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il ne sert à rien de s’énerver ou de punir. Il faut traiter la cause du problème et la propreté viendra ensuite.

Pour conclure…

L’éducation à la propreté est le premier souci des maîtres dont le chiot vit dans la maison. En théorie, c’est à l’éleveur ou au vendeur du chiot d’enseigner à l’acquéreur du chiot comment il va devoir s’y prendre pour y arriver le plus rapidement possible. En pratique, c’est rarement le cas, ou alors les conseils donnés sont d’un autre âge.
Puisse donc ce document vous aider dans cet apprentissage. L’essentiel à retenir, c’est d’être attentif à la façon dont le chiot manifeste son besoin de se soulager, réagir à temps ou anticiper et féliciter chaleureusement au bon moment… Retenez aussi que punir ne sert qu’à embrouiller le chiot et lui apprend à se méfier de vous.

Si votre chiot fait sa crotte sur le trottoir ou au milieu du chemin, ayez toujours un sachet en poche et … ramassez ! Ceux qui passeront à cet endroit après vous apprécieront.

Simone, février 2016